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Projet Inconscient Collectif

by Le Bouinax

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1.
Vas y montre ta Rolex, le bras à la fenêtre Fait enrager ton ex, toi qui ne sais pas être Alimente ton cortex au festin du paraître Bombe ton corps latex et cache les traîtres Rides qui complexent ton imposant bien-être Affûte ton fier sexe, affiche ses centimètres Vante tes réflexes, aux selfies, tu es le maître Et l'humain en annexe, renie tes ancêtres Vas y lustre ta Bugatti dans ton Valentino Avec des Émiratis, va jouer au casino Ta seule empathie est pour tes abdominaux Et tes belles répartis sont sur les réseaux sociaux Tu fais des garden-parties dans les paradis fiscaux Avec de l'appétit pour les entrecuisses hyménaux Dans ces lieux pervertis on les sert sur un plateau Mais bon, les nantis n'ont pas peur des tribunaux Vas y prends ton jet pour une distance illogique Montre bien ta tête et combien tu as de fric Dans ton époque parfaite, l'ère du pute à clic Sans voir la planète et son état catastrophique Tu es classé triathlète chez les pervers narcissiques Un sourire à la soubrette, ton côté égocentrique Au singe une cacahuète pour le systémique Afin que ta branlette ne soit pas que symbolique Il paraît qu'à trente ans Si tu n'as pas une Rolex C'est que tu as raté ta vie J'espère à soixante ans Avoir raté deux fois la mienne Quel magnifique échec
2.
Pré-machées On veut des femmes pré-machées, des femmes pré-cuites On les veut pré-désabillées et pré-séduites On veut pour les avoir, ne pas avoir à faire d’effort On veut pouvoir se voir comme des conquistadors On veut des femmes pré-digérées, pré-formatées On les veut pré-lavées et pré-mouillées On veut la gloire et des auto-évaluations On veut pouvoir les consommer sans pression On veut des femmes présentables et préparées On les veut prépubères et pré-excitées On veut savoir les statistiques du prévaloir On veut voir leurs corps offerts sur des mangeoires On veut des femmes prêtes à tout et pré-formées On les veut pré-amoureuses et pré-chauffées On veut quand vient le soir sentir leurs doux regards On ne veut plus être des crevards, on veut fumer des cigares On veut des femmes pré-pausées mais pas pré-ménopausées On les veut pré-chirurgicalisées et pré-écartées On veut avoir le pouvoir et ne pas rendre de compte On veut revenir à la préhistoire sans en avoir honte On veut des femmes prêtes à jouir et pas prétentieuse On les veut pré-emballées et pré-lassées Mais j'ai comme un pré-sentiment, ça se présente mal Elles ne veulent pas se prêter au jeu Elles refusent les prérequis Elles ont des prétentions précises Et je crois qu'on n'est pas prêt...
3.
Je suis l'inconscient Et vous êtes le collectif Vous êtes impatient Et je suis admiratif Vous êtes mes patients Et je suis sédatif Vous avez des tremblements Et l'état végétatif Je suis par là, dans l'air Boosté par la 5G Je suis le locataire De vos cerveaux en viager Je suis le militaire Vous êtes les engagés Je suis totalitaire Je veux vous diriger Inconscient Collectif La peur entre les dents L'obéissance est l'objectif Inconscient Collectif Nouveaux pratiquants Du dogme régressif Je suis la poli-tique Et vous êtes le chien Ça vous gratte, ça pique Et vous n'y pouvez rien Je suis médiatique Et vous êtes mes témoins Je surfe la thématique De vos petits besoins Je suis l’anesthésie Et vous êtes la veine Je chatouille l’euthanasie À coup de benzotoluènes Je suis la dose d'ecstasy Et vous frôlez l'éden Je vous sers l'ambroisie Et je vous enchaîne Inconscient Collectif La peur entre les dents L'obéissance est l'objectif Inconscient Collectif Nouveaux pratiquants Du dogme régressif Je suis très lucide Et vous êtes aveuglés Je passe à l'acide Vos désirs écervelés Je suis l'attentat suicide Qui va le pacte sceller Et vous le génocide Le sang coagulé Je suis, je suis, je suis Mais je ne peux rien dire Je frappe après minuit Pour vous faire précuire Je suis, je suis, je suis Celui qui vient séduire De rouge et de suie Pour vous faire jouir Inconscient Collectif La peur entre les dents L'obéissance est l'objectif Inconscient Collectif Nouveaux pratiquants Du dogme régressif Je suis...
4.
Tiens, c'est bizarre, c'est bizarre On m'a encore raconté des histoires Entre ce que j'entends et ce que je ressens Il y a un bruit étourdissant Je ne suis pourtant pas allé à la foire Ni faire la sortie des bars Ça devient très angoissant Mon cerveau est obsolescent Tiens, c'est bizarre, c'est bizarre Leurs mots sont des enfumoirs Le mensonge est devenu un état naturel Un merveilleux paradigme socio-culturel Les nouvelles images, les nouveaux miroirs Filtrent les visions du purgatoire Et tout ce beau monde virtuel A pris la place du réel Et moi, je sens la dissonance cognitive Qui cogne, cogne, cogne Sur mes pauvres initiatives Et moi, je sens la dissonance cognitive Qui cogne, cogne, cogne Sur mon humanité captive Tiens, c'est bizarre, c'est bizarre Des paroles qui forment un brouillard Posées là, en toute légèreté Par des individus bien acclimatés Sans pour autant que leurs mâchoires Ne laissent une petite place au hasard Car il ne reste aucune liberté De pouvoir dire la vérité Tiens, c'est bizarre, c'est bizarre De se tenir soi-même le crachoir De pouvoir ainsi s'écouter Continuellement régurgiter Installé dans le prétoire Dans la défaillante mémoire À répéter des phrases formatées Sans voir leurs vacuités Et moi, je sens la dissonance cognitive Qui cogne, cogne, cogne Sur mes idées coopératives Et moi, je sens la dissonance cognitive Qui cogne, cogne, cogne Sur mes belles expectatives Tiens, c'est bizarre, c'est bizarre De porter aux nues les bobards De les entendre, crédules À leurs propres préambules Boire comme des soiffards Ces mots devenus pinard Réciter des formules Sans peur du ridicule Tiens, c'est bizarre, c'est bizarre D'arriver ainsi à se croire D'avaler comme des pilules Jusqu'à la moindre virgule Des illusions aux goûts de caviar Pour l'éphémère gloire De l'immense au minuscule Sans aucun recul Et moi, je sens la dissonance cognitive Qui cogne, cogne, cogne Sur mes souffrances émotives Et moi, je sens la dissonance cognitive Qui cogne, cogne, cogne Sur ma simplicité intempestive
5.
Il est déjà trop tard, déjà trop tard On est très en avance, mais il est déjà trop tard On sait qu'il faut freiner, mais on accélère encore Orgueil et insolence même à la vue du corbillard La sagesse gangrenée par l'appel du veau d'or On cherche l'abondance, mais on est des pillards On est tous aliénés, pris dans l'envers du décor On ferme nos consciences, on entretient le brouillard Dans une course effrénée qui nous mène à la mort Il est déjà trop tard, déjà trop tard On continu d'avancer et de plus en plus vite Sans regarder où on va, sans s'occuper du lendemain On déserte la pensée les yeux rivés sur nos tweets Et on change de diva d'un revers de la main On se laisse influencer par des gros hypocrites On se bat comme des rats, car on a toujours faim On voudrait s'expanser et repousser les limites Et être face caméra pour le selfie de la fin Il est déjà trop tard, déjà trop tard On avance comme des veaux avec sur le visage un voile Derrière le joueur de flûte, on va direct vers la noyade On peut chercher de l'eau tout la haut dans les étoiles Mais on ne perd pas une minute pour le Sahel ou le Tchad On va étudier nos cerveaux alors que nos cœurs sont glacials Notre empathie a le scorbut, notre humanité est malade On enjambe dans le caniveau parce qu'on est devenu asocial Les réfugiés que l'on bute parce qu'ils s'appellent Hammad Il est déjà trop tard, déjà trop tard On devancera bientôt les plus sombres pronostics On massacre les abeilles, on fait fondre la banquise A grand coup de Monsanto on modifie la génétique Mais on ne perd pas le sommeil, le Seresta évite la crise Le viagra booste nos libidos et la chirurgie esthétique Sur nos corps fait des merveilles et on continu le strip-tease La crème Bayer pour le clito excite nos côtés mécaniques Et quand sonnera le réveil, il restera la psychanalyse Il est déjà trop tard, déjà trop tard On avance dans le noir, mais en fait on recule C'est une fuite en avant et on va droit dans le mur On a perdu la mémoire à coup de nanoparticules Mais on croit les savants et on boit leur cyanure On a perdu notre pouvoir, au bord du crépuscule Comme des mort-vivants, baignant dans les hydrocarbures Même pas dans le désespoir, mais fier de nos matricules Dans nos sables mouvants, à la vie comme une injure Il est déjà trop tard, déjà trop tard
6.
Hey mec Ça pourrait être ta mère, ta fille ou ta sœur Couchée sous un drap, dans une mare de sang Simplement parce qu'elle est rentrée à point d'heure Qu'elle était au mauvais endroit, au mauvais moment Ou recroquevillée avec au ventre la peur Au fond d'un tribunal, sous des regards glaçants À écouter tomber l'acquittement de son violeur Faute de preuves de son non consentement Hey mec Ça pourrait être ta mère, ta fille ou ta sœur Qui subisse au travail des propos salissants De la part de son enfoiré d'employeur Pendant que simplement, elle serre les dents Ou coincée dans le métro avec un type en sueur Qui se met derrière elle avec un air fuyant Pour profiter de la foule et faire le frotteur Et lui coller contre les fesses son sexe répugnant Hey mec Ça pourrait être ta mère, ta sœur ou ta fille Qui se fasse à l'école tranquillement racketter Son portable, dix euros, juste un sac de billes Sous peine de se faire encore maltraiter Ou chez le gynéco, visqueux comme une anguille Qui va de l'effet de sidération profiter Pour glisser ses doigts froids comme des aiguilles Dans ce corps qui n'était que pureté Hey mec Ça pourrait être ta mère, ta sœur ou ta fille Qui se fasse sur les réseaux régulièrement harceler Par le genre de types qui traînent en escadrille Et qui ne supportent pas de se faire envoyer bouler Ou bien dans une cave, parce que c'est « la famille » Sous la pression de la bande, pour être acceptée Laissera les choses partir bien plus qu'en vrille Pour au final être laissée là, comme une saleté Hey mec Ça pourrait être ta fille, ta sœur ou ta mère Qui se fait défoncer par son compagnon Pour un oui, un non ou un café trop amer Depuis des années, à coups de poing, de ceinturon Et qui un jour, de peur que ça soit la dernière Prend un fusil et lui fait sauter le caisson Et se retrouve de l'autre côté des grilles de fer Coupable de meurtre avec préméditation Hey mec Ça pourrait être ta fille, ta sœur ou ta mère Ta voisine, ta collègue, une vague relation Hey mec, tu ne vois pas que c'est une guerre Est ce qu'au moins tu te remets un peu en question ? Est ce qu'au moins au bout, tu vois la lumière ? Hey mec, c'est possible d'arrêter d'être con C'est possible de poser la première pierre Du mur de ton évolution Sinon mec Demain ça sera ta mère, ta fille ou ta sœur Demain ça sera ta mère, ta fille ou ta sœur
7.
Bug... En regardant l'écran, ne voir que son ombre Réaliser fébrilement que tout reste sombre Sortir dans la pénombre de ce monde mourant Enjamber les décombres d'un pas tremblant Voir sortir des vitrines les mannequins sanglants Privés de la toile utérine, du virtuel carburant Redevenir figurant, ne plus être l'héroïne Privé bien soudainement de sa dose d'ocytocine Ressentir l'addiction, le cri des endorphines Chercher la perfusion, le réseau qui câline Cogner sur la machine pour activer la connexion Réclamer l'adrénaline avant la dissociation Secouer le téléphone, retaper le code et validation Rester figé, aphone, à subir cette amputation Sans la stimulation, ni femme, ni homme Pas de réanimation pour les derniers neurones C'est le bug et avant le bug J'étais celui ou bien j'étais selfie Un beau produit sur ma photo de profit Errer hors du destin, essayer même l'interphone Avoir perdu l’instinct, voir s'écraser les drones Comme une chute d'hormones, là au petit matin Les cerveaux en silicone devenus des clandestins Être de ces âmes en peine privées de tout le baratin Sentir monter la haine, vouloir lâcher les chiens Prêt à faire le tapin pour une petite onde hertzienne Étalant le gratin de l'inconscience citoyenne Vidé de cette substance qui est plus que freudienne Sentir son existence devenir soudain reptilienne Les perceptions rétiniennes qui entrent en résistances Et les douleurs acouphènes qui sifflent avec constance Avoir la tête qui explose sous cette dépendance Hurler pour avoir une dose, car la vie n'a plus de sens Être en cyberdécadence atteint par la sainte hypnose Refuser les conséquences et sombrer dans la névrose C'est le bug et avant le bug J'étais celui ou bien j'étais selfie Un beau produit sur ma photo de profit D'un seul coup trop lucide sous des paupières clauses Couper du flot, du fluide qui a fait de nous ces choses Sentir le néant, la nécrose et nos cortex devenir liquide Car sans cette symbiose, il ne nous reste que le suicide En cortège de fantômes déambulant les yeux vides Secoués par les symptômes, tranchant nos carotides Un shoot au polaroid en avalant des valiums Devenus humanoïdes par la main même de l'homme Un bug et en deux jours, c'est pire que du plutonium Pas d'issues de secours pour sortir du vivarium Pour le peuple plus d'opium, c'est un aller sans retour Une fin en beau péplum, sanglante et sans amour Dans nos mains un écran, collé là pour toujours Et la mort la devant qui ne fait pas de long discours Elle plane comme un vautour et nous bien en rang Nous attendons notre tour, là, bien sagement... C'était le bug et avant le bug J'étais celui ou bien j'étais selfie Un beau produit sur ma photo de profit
8.
T'aimes pas le punk ? T'aimes pas ma gueule ? Tu préfères le funk ? Tu préfères celle de ma meuf ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas mon style ? T'aimes pas mes docs martins? Tu préfères quand ça brille ? Tu préfères tes mocassins ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas ce que je représente ? T'aimes pas mon humour ? Tu préfères ton banquier ? Tu préfères quand c'est propre ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas ce que je chante ? T'aimes pas faire la teuf ? Tu préfères le top cinquante ? Tu préfères faire la gueule ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas ma 2 chevaux ? T'aimes pas l’honnêteté ? Tu préfères ta Lambo ? Tu préfères être un faux cul ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas ce que je te dis ? T'aimes pas la bière ? Tu préfères quand je la ferme ? Tu préfères le champagne ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas les pâtes ? T'aimes pas mon chapeau ? Tu préfères le caviar ? Tu préfères ta calvitie ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas les manifestants ? T'aimes pas la vérité ? Tu préfères les CRS ? Tu préfères le mensonge ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas les étrangers? Tu aimes pas les friperies ? Tu préfères les français ? Tu préfères aller chez Zara ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre ! T'aimes pas les pauvres ? Tu aimes pas ma voix? Tu préfères les riches ? Tu préfères m pokorat ? Vas te faire foutre ! Vas te faire foutre !
9.
J'ai brûlé mon karma J'ai brûlé mon karma, je suis profond dans le coma Toujours le même schéma, du mauvais cinéma Je paye cash en pro forma, y a pas d'anonymat Je déride pas du zigoma, tic tac tic tac, le minima J'ai brûlé ma peau sur le goudron Je me croyais invincible Fou et libre comme un électron Je suis une douleur indicible J'ai brûlé mes ailes la haut Je croyais être un ange Carbonisé par le fléau Qui sur les rêveurs se venge J'ai brûlé ma jeunesse sur le temps Je me croyais immortel Encore combien de printemps Que le décompte est cruel J'ai brûlé mon cerveau dans la came Je me croyais plus malin Maintenant la mort me réclame Je rampe au bord du ravin J'ai brûlé mon âme par désillusion Je croyais les humains purs De cette race une indigestion Une plaie qui à l'infini suppure J'ai brûlé mes yeux sur le monde J'croyais y voir le bonheur J'n'y ai trouvé que des ombres J'ai fermé mes yeux en pleurs J'ai brûlé mon karma, je suis profond dans le coma Toujours le même schéma, du mauvais cinéma Je paye cash en pro forma, y a pas d'anonymat Je déride pas du zigoma, tic tac tic tac, le minima J'ai brûlé ma langue sur les mots Je croyais pouvoir te les dire Eux la cause de tous mes maux Je ne peux que les écrire J'ai brûlé mes mains sur ton corps Amputé de ne plus te toucher Le souvenir de toutes mes pores Me laisses à jamais desséchées J'ai brûlé mon cœur sur le tien Je croyais notre amour possible Tu as fait un barbecue avec le mien Je devais être irrésistible... J'ai brûlé mon corps sur un bûcher Je croyais pouvoir en finir Alors je l'ai moi-même allumé Mais il me reste mes souvenirs Alors j'ai brûlé en enfer J'ne croyais pas au diable Mais j'y suis et je suis en colère Et me voilà serviable J'ai brûlé tout ce qu'il m'a montré J'croyais que ça me calmerais Mais c'est pire et ça me rend cinglé Alors j'ai brûlé mon karma J'ai brûlé mon karma, je suis profond dans le coma Toujours le même schéma, du mauvais cinéma Je paye cash en pro forma, y a pas d'anonymat Je déride pas du zigoma, tic tac tic tac, le minima
10.
149 Combien de temps tenir debout Avant que la folie m'emporte Combien de plaies, combien de coups Combien de femmes mortes Combien de manifs à genoux Et de flics sourds en escorte Combien de juges moins agneau que loup Combien de claquements de portes Cette année : 149 149 corps de meufs Et combien l'an prochain ? Et combien vont mourir demain ? Combien d'incendies ravageurs Avant que la rage me prenne Combien de cadavres mes sœurs Combien de clochardes ou de reines Combien d'enfants en pleurs Et d'institutions à la traîne Combien de blanches, combien de beurs Combien de fois le GIGN Cette année : 149 149 corps de meufs Et combien l'an prochain ? Et combien vont mourir demain ? Combien de traits de craie sur le mur Avant que je baisse les bras Combien de silences, de murmures Combien de Sophie, de Sara Combien de plaintes, de procédures Classés dans les commissariats Combien d'heures de torture Combien de sang sur les draps Cette année : 149 149 corps de meufs Et combien l'an prochain ? Et combien vont mourir demain ? Combien de drames, de suicides Avant que je sorte les armes Combien de mots comme féminicides Combien de SOS et d'alarmes Combien de ces gouttes acides Qu'on appelle les larmes Combien de fins sordides Combien ? Combien ? Cette année : 149 149 corps de meufs Et combien l'an prochain ? Et combien vont mourir demain ?
11.
Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Je veux juste être libre quitte à rester dans l’errance Ne plus voir vos sales gueules me jauger me juger Pour finir tôt ou tard à vomir vos préjugés La solitude ne m'inquiète pas plus que ça Parce que de mes convictions je suis le soldat Je suis prêt à me battre à essuyer les plâtres Je suis prêt à débattre avec tous vos psychiatres Mon arme est la parole et je vais donner de la voix La colère du vieux punk qui vers vous tend un doigt Je pourrais tout aussi bien vous tendre la main Mais j'ai été trop souvent mordu par vos chiens Alors une fois de plus je vais prendre la route Et me prendre la tête assailli par mes doutes Mais je vais pas rester dans ce bled juste à me mettre raide Jusqu'à ce que je décède sous les coups de lattes des skinheads Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Et je ne t'aime plus non tu n'es plus ma douce France C'est à peine si je me souviens du pays de mon enfance La seule chose qui me saute aux yeux c'est ton intolérance Dans mes oreilles résonne les sirènes des ambulances Parce que là dehors quelque part se déchaine ta violence Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Pourquoi tant d'indifférence Déraciné comme un arbre changeant de forêt chaque hiver Ma confiance dans l'humain a usée toutes mes prières Je suis partout chez vous mais je ne suis nulle part chez moi Et à force de tourner en rond je vais finir par perdre foi Je n'ai jamais de repos marchant dans les longs couloirs En déroulant l'infini de mes illusions provisoires J'ai l'espoir qui avorte et jamais ne s'ouvre une porte Avec ma folie et les cloportes qui me font bonne escorte Rasant les murs blafards de vos villes sans âmes Je vais dans les bas fond chercher ma dose de came Pour calmer avec elle la fureur qui me consume Mais je ne supporte plus cet état de légume Alors je laisse libre court à la douleur qui me ronge Car elle est bien la seule à ne pas me raconter de mensonges Et je récite seul dans la nuit votre courte nécrologie Car dans ma mythologie je suis un tueur en série Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Et je ne t'aime plus non tu n'es plus ma douce France Enfermée à double tour derrière ta télésurveillance Tu sors uniquement avec ton groupe d'autodéfense Pendant que ta belle démocratie nous impose le silence Tu manipules dans l'ombre le bras de ta vengeance Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Pourquoi tant d'indifférence À quand la prochaine fois jusqu'à quand rester debout Avant que ma tête explose et que je devienne un loup Le malaise qui me pousse au cul grandit à chaque pas Et chaque pas me coute c'est comme un dernier repas Alors que l'envie de gerber ne me permet d'avaler Que votre mauvais pinard qui me brûle le gosier Mais bon après tout rien n'est grave je suis bientôt une épave Votre très fidèle esclave qui entretient bien ses entraves Je veux obéir à mes désirs plutôt d'obéir à vos lois Cracher au visage de César assumer mon côté Gaulois Me souvenir de la révolution être l'amant de la Bastille Avoir fait un truc héroïque pour le raconter à mes filles Mais je me lève les bras ballants et l'énergie me manque Car il est vrai que je ne suis qu'un pauvre saltimbanque Quand s'évanouisse mes certitudes alors je crève de solitude J’étouffe sous la servitude je me suicide presque par habitude Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Et je ne t'aime plus non tu n'es plus ma douce France Quand tu laisses des fous furieux ressortir les potences Tu ne me feras pas croire que tout ça arrive par ignorance Alors je vous présente à tous mes sincères condoléances Pour la mort oui pour la mort, la mort de vos consciences Non je ne veux pas comprendre pourquoi tant d'indifférence Pourquoi tant d'indifférence
12.
J'en rave encore... Puisque mon rêve s'est enfui Je retourne dans mes raves parties Me coller la tête dans le mur Et reconstruire mon armure J'veux du hardcore, du lourd Jusqu'à en devenir presque sourd J'veux que mes narines dégoulinent Trop pleines de coke et d'héroïne Puisque mon rêve est parti Je retourne dans mes raves enfouies J'veux déposer sur mes yeux Deux jolis petits cartons bleues Ne plus penser juste danser Jusqu'au matin taper du pied Et le premier qui me fait chier Dans la boue je vais le crever Puisque mon rêve me l'a mis Je retourne dans mes raves zarbies Je t'ai montré mon côté sombre Et tu t'es transformée en ombre Tu m'as mis KO au premier round Alors, je retourne dans l'undreground Au fond du trou avec les rats Je redeviens peste et choléra Puisque mon rêve est bien fini Je retourne dans mes raves moisies Perché dans l'humidité du matin Avec la crème, le top, le gratin Quand les CRS nous gazent Je redresse mon iroquoise Je monte à l'assaut, à l'attaque Et je redemande de la matraque Puisque mon autre rêve a été saisi Je retourne dans les raves avertis Ils m'ont rendu plus méchant Même pour moi je suis effrayant J'ai des visions totalement gore Des odeurs de boucherie et de mort Tu es prévenu, touche pas mes rêves Et fout moi la paix dans mes raves
13.
A frozen death in my ass... J’irais tout au fond, j'irais sous la surface M'allonger de tout mon long sous la glace Vérifier dans l'eau gelée si ma disgrâce Sera une sortie ou bien une impasse Tiens, je ne ressens plus aucune menace Simplement dans mon ventre ça brasse Je n'ai pas non plus de frissons d'angoisse Je suis donc clairement bien à ma place Le froid éternel deviendra mon palace Il faut bien ça pour les douleurs coriaces Bien sûr que je prêche pour ma paroisse Juste avant mon dernier face à face Ça y est ça deviens flou, tout s’efface Je ne me souviens plus de la préface Je me souviens de la poisse, de la glace Du bord du trou où j'ai laissé mes godasses Et d'y avoir gravé mon nom : Charrasse
14.
Sur le bitume fondu des habitudes Ton reflet se noie dans une vapeur Mes semelles lasses de mes errances Passent le gué des jours meilleurs Pendant que là haut la lune albinos Dénonce l’apesanteur complice Sur le grand échiquier du temps Mes doigts se décollent de l'inertie Sur l'autoroute bouchée des addictions Ton visage remplace l'étoile du berger La jauge à zéro, je laisse aux affranchis Le selfie de mon cerveau numérisé Les corbeaux cherchent un air moins lourd Ils dépouillent des cadavres exquis Ça grouille de vers, de reliques de rimes Je tranche mes liens avec l'acier des mots Sur les trottoirs bleus de la routine Ton ombre m'interdit de tapiner Les éboueurs des désespoirs perdus Ramassent les miettes de mon passé Je fais la manche pour croiser un regard Devant la pharmacie des petits bonheurs Sur l'algorithme de mon corps synthétique Je cherche en vain toutes mes cicatrices Sur l'asphalte en cendre des rêves avortés Tu es là, icône transgressive et transfigurée Les rouges bouffons digitaux des fast-foods Servent des flux constants de liquide Moi le clone déjanté, je prie pour ma faim Des flashs de la nature obsèdent mon cortex Tout en jouant sur les ruines du monde Je contemple l'horizon des promesses Sur le boulevard des angoisses et des tocs Ton apparition provoque un bug primaire Je vérifie et je recompte les pixels Ma phobie s'estompe dans le tramway Je nomme mes désirs, je les étiquette Le contrôleur demande ma carte de finalité Mes synapses transmettent les instructions J'ai un aller simple pour l'envers

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released April 15, 2023

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