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Je ne ferai pas la r​é​volution.

by Le Bouinax

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about

Sample : Bonobo

lyrics

Ce soir, je ne ferai pas la révolution...
Le soleil se couche sur le cadavre de mes ambitions. L'automne de mes rêves aux lumières orangées peine à réchauffer mon vieux cœur à l'argile craquelé. La lassitude sociale me donne des visions de grottes, mais j'ai peur d'avoir encore plus froid, en même temps, je ne vois pas comment je pourrai avoir encore plus froid. Immobile, tentant d'ignorer l'agitation superficielle du monde, je me bouche les oreilles, je ferme les yeux et surtout, je ne dis rien. Il paraît que c'est la sagesse et si c'est ça bordel, ça fait super mal la sagesse. On a toujours une deuxième chance, mais j'ai déjà trop joué, redistribué les cartes, jeté les dés, etc. La roulette russe, c'est bien quand ça claque sec de temps en temps, parce que le clic du barillet vide à force ça génère du stress et ça ne relâche pas du tout les tensions. Et les tensions, elles s'accumulent, elles s’amoncellent, elles débordent, elles hurlent en silence sous le masque et ce putain de masque accentue encore plus l'impression d'être coincé dans le rôle de la chenille pour toujours. Le genre de chenille qui ne deviendra jamais un papillon. Privé de sourire, privé de rire, des yeux fuyants en point de mire, les yeux de la peur.
Ce soir, je ne ferai pas la révolution.
J'irais simplement me coucher dans des draps d'habitudes, froissées en boule dans des replis de sueurs et de cauchemars. Les insomnies tenaillées au corps, le tic-tac de l'horloge de ma vie qui bat le silence pesant, ce silence où il ne se passe rien, rien d'autre que mes pensées, des pensées trop épuisées pour être productive. J'attendrai patiemment le petit jour pour avoir l'illusion de renaître, puis je tenterai d'affronter le soleil trop brillant pour mes yeux fatigués et je refermerai les volets pour me replonger dans cette nuit sans fin qui habite à l'intérieur de moi. Je prierai pour que le téléphone ne sonne pas, car sa sonnerie déchire le voile, ne pas répondre, surtout ne pas répondre. Je regarderai de loin le petit écran des illusions, les virtuels contacts, avec une distance précautionneuse qui me maintient à l’abri d'une empathie galopante et d'une colère envahissante. La distance sociale, ça fait déjà bien longtemps qu'elle s'est installée chez moi, par dépit, par dégoût, par refus d'avoir à affronter ma propre asocialité, ce qui a au fond un côté bien pratique.
Ce soir, je ne ferai pas la révolution.
Car elle empeste la manipulation, comme tout le reste d'ailleurs, le plan se déroule à merveille, la confusion fait place à l'agitation puis à la sclérose. Seuls les mouvements d'humeur émotionnels demeurent, les zombies de la pensée critique affichent fièrement des convictions qui n’appartiennent à personne avec une motivation qui fait plaisir à voir. Je les envie presque, noyé dans mes doutes, coincé dans mon inertie. Pas de bug chez eux, les processeurs fonctionnent à merveille et à plein régime même si les disques durs sont vide, pour moi c'est le contraire, le trop-plein du disque empêche mon vieil ms-dos de traiter convenablement l'information, il ralenti, s'arrête, fait des aller retour, je reboute sans cesse et ça ne change rien, je sais qu'il faut que je fasse du tri dans mes dossiers, mais en bon fétichiste je ne peux rien jeter. Je soulage simplement mes tocs en rangeant encore et encore, je classe les dossiers et les sous-dossiers dans l'arborescence inutile de mes valises devenues trop lourdes.
Ce soir, je ne ferai pas la révolution.
Ce soir, je suis fatigué, fatigué de ressentir, fatigué de mon envie de partir, fatigué d'affronter jour après jour le reflet de l'état du monde sur mon propre état, fatigué de ne plus être ni imperméable, ni étanche, fatigué de subir, de me subir. Je dois me ressaisir, mais se ressaisir ça implique de s'être saisi au moins une fois et je ne crois pas m'être déjà vraiment saisi de moi-même, j'ai toujours ramé à contre courant par instinct, sans comprendre la portée, le sens, comme téléguidé par une pollution interne. Un bruit de fond sourd et permanent par-dessus lequel viennent se rajouter les aiguës de mes acouphènes, une distorsion mentale, un malaise cognitif permanent, un bourdonnement psychotique qui devient de plus en plus insupportable. Mais ne prenez pas tout ça au premier degré, je ne dis jamais ma vérité telle quelle, mon côté poétique à tendance à enfoncer le clou, ou bien tendance à enjoliver la situation, ça dépend de ce que je veux cacher...
Ce qui est sur c'est que ce soir, je ne ferai pas la révolution.

credits

released September 19, 2020

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