C'est une histoire d'amour, de celle qu'on ne raconte pas
Pourtant, en bon troubadour, je ne résiste pas
Je commence par les rimes en A, un dernier trait d'humour
Mais je garderais pour moi son prénom, pour toujours
Car il est encré par là, il est inscrit sur ma peau
Et elle vole en éclats, quand je vous dit ces mots
Je suis, sous le plumeau, le sable de son mandala
Et le vent balaye mes os sous les calendulas

Je suis comme un drapeau qui n'a plus de pays
Avec des réflexes de robot ne supportant pas l'ennui
Mais ne croyez pas que je fuis, ni que je pratique l’aïkido
Je reste sous la pluie en observant mon petit ego
J'attends la fin de la nuit, que se lève la bruine
Pour reprendre ma vie, enlever mes épines
Retrouver mes racines, mes branches, mes fruits
Et remplacer la morphine par le millepertuis

Je n'ai toujours pas trouvé ma place et je l'ai encore cherché chez toi
J'ai cherché à fondre ma glace en te caressant du bout des doigts
Je n'ai toujours pas trouvé ma place oubliant de porter ma croix
J'ai encore eu l'audace d'ignorer la loi

C'est une histoire d'amour, de celle qui vous pénètre
Une relation qui laboure, toute la terre de votre être
J'y ai écrit mes plus belles lettres, douces comme du velours
Et j'ai cessé de paraître, comme un coq au petit jour
J'y ai appris à me connaître, à découvrir mes ailes
À voler jusqu'à disparaître, en elle, immémorielle
À me noyer dans son miel et puis soudain renaître
La haut dans le ciel sans jamais en être le maître

Tout en restant confidentiel, il faut que je vous dise
Qu'à la limite du rituel dans notre lit église
Comme une gondole à Venise, nous avons frôlé l'essentiel
Et à la psychanalyse, nous avons été infidèles
Et maintenant sur ma banquise, seul avec le froid glacial
Je pleure ma gourmandise dans les aurores boréales
Et je sens le chacal qui me plante ses incisives
Car le regret, cet animal, est entré dans mes valises

Je n'ai toujours pas trouvé ma place, je ne suis toujours pas chez moi
J'ai cherché à fondre ma glace, mais je ne marchais pas droit
Je n'ai toujours pas trouvé ma place et je me suis brûlé les doigts
J'ai encore eu l'audace d'oublier ma voix


C'est une histoire d'amour, de celle qu'on remercie
Même si on voudrait mourir tant le chagrin est précis
Un peu d’anorexie pour voir planer les vautours
Mais par chance la prophétie me laisse encore un jour
Du coup je fais l'autopsie de la défunte relation
Je cherche mes dyslexies, mes distanciations
Je fais l'évaluation de mes moments indécis
Je regarde la calcification de mes acrobaties

Me remettre en question ? Oui, mais pas ce soir
De nouvelles scarifications ? Il fait déjà trop noir
Dans mon joli purgatoire, je cultive la provocation
Et je perds la mémoire de mes obstinations
En fait, je voudrais voir encore une fois son visage
Je voudrais recevoir de la part de ses yeux sages
De la vie en paysage, comme une trajectoire
Et de l'amour en surdosage en guise d'anti-inflammatoire


Ça y est j'ai trouvé ma place et je suis seul chez moi
Je fais fondre ma glace en la caressant du bout des doigts
Ça y est j'ai trouvé ma place, je commence à porter ma croix
Je vais enfin avoir l'audace d'avoir foi en moi