Excuse-moi, je préfère te prévenir, ça ne va pas forcément être très gai
Il paraît que je suis triste à mourir, à la limite de me flinguer
Faut dire que le monde à bugué et que ça ne va pas m'adoucir
La tentation de me seringuer, devient de pire en pire
Sans filtre, je suis sensitif, la douleur me traverse sans prévenir
J'ai vu partir mon créatif, sans pouvoir le retenir
Je cherche dans mes souvenirs, qui sont devenus très furtifs
Ces moments où je croyais dans l'avenir, les couleurs du positif

Il ne me reste que l'écriture et je mets tout à l'indicatif
Dans mon cerveau il n'y a que des ratures et trop d’interrogatifs
J'ai supprimé les impératifs, car je n'ai plus d'armure
T'as qu'à voir ma coupe de tif, c'est ma nouvelle signature
J'aime bien le dernier Stromaé, mais il n'est pas assez dur
Dans la déprime la beauté ne peut pas être une garniture
Ça serait plutôt une fracture, le cerveau déboîté
De mon âme-névrisme une rupture et le sang frelaté

Je n'y arrive plus, je n'y arrive plus
J'ai les bras lourds comme du plomb
Je n'y arrive plus, je n'y arrive plus
J'ai la tête lourde comme du béton

Je pense aux antidépresseurs, mais je suis déjà bien éclaté
Du Prozac contre mon âme-sœur, ma morphine, ma bien-aimée
Mais les pilules, j'ai pas le doigté, j'ai eu des mauvais professeurs
Et les pupilles dilatées, ça accentue ma noirceur
Alors je préfère le voile, la dame blanche, le fossoyeur
Regarder le flou des étoiles en étant mon confesseur
Être la proie et le chasseur, à ma connerie rester loyal
Demeurer le guérisseur de mes pulsions antisociales

Pour éviter que ma haine sorte de là triomphale
Avec les images de l'Ukraine coincées dans mon tronc cérébral
Car même en diagonale, la position du Yemen
Est bien trop méridionale pour nos valeurs européennes
Choisir à la couleur des cheveux dans une vision manichéenne
Des blondes aux yeux bleus qui ne perturbent pas trop nos gènes
On les espère un peu chiennes, en humanitaires libidineux
Et en Syrie, c'est pas les mêmes, elles ne prient pas le même dieu

Je n'y arrive plus, je n'y arrive plus
J'ai les bras lourds comme du plomb
Je n'y arrive plus, je n'y arrive plus
J'ai la tête lourde comme du béton

Et je devrais aller voter, pour renouveler les mafieux
Afficher ma loyauté à quelques ambitieux
Mais je suis migraineux et je vais commencer à radoter
Sur ce système venimeux qui n’arrête pas de nous pipoter
L'homme est un virus qui se prend pour une divinité
À deux pas du terminus, inconscient de sa vacuité
Guidé par l'avidité, il continue le processus
Prisonnier de sa dualité et aussi du gaz russe

Bon, je t'avais prévenu, ce n'est pas le plus gai de mes opus
J'imagine le bruit des obus et j'entends sonner l'Angélus
J'ai dans l'hypothalamus comme une grosse sangsue
Et les restes de mon phallus, à une ficelle suspendu
Pour éviter le pire, j'ai abandonné ma tribu
Par peur de devenir un vampire, je me suis moi-même mordu
C'est peut-être un malentendu, mais je préfère m’affranchir
De ce monde trop tordu qui va s'auto-anéantir

Je n'y arrive plus, je n'y arrive plus
J'ai les bras lourds comme du plomb
Je n'y arrive plus, je n'y arrive plus
J'ai la tête lourde comme du béton